Paléo-environnement
Les sédiments dans lesquels des empreintes de dinosaures sont préservées contiennent souvent de nombreux indices permettant de mieux comprendre les conditions environnementales qui existaient au moment de la formation des traces, c'est-à-dire le paléoenvironnement. Certains de ces indices sont décrits ci-dessous.

Les bourrelets d’expulsion sont des bourrelets de sédiment qui se forment parfois sur le bord des empreintes lorsque le sédiment est expulsé sous le poids de l’animal. La taille, la forme et l’épaisseur des bourrelets sont déterminées par la consistance du sédiment (s’il est plus ou moins humide ou sec), le poids de l’animal et sa façon de marcher. La présence d’un fort bourrelet suggère que le sédiment était saturé en eau et très malléable. À l’inverse, un faible bourrelet suggère un sédiment plus solide et compact. D’autre part, le bourrelet à l’arrière de l’empreinte est parfois plus développé que celui à l’avant, ce qui indique que la démarche de l’animal comprend une phase de poussée bien marquée.

Empreintes d'un éléphant moderne (à gauche) et d'un dinosaure sauropode (à droite) avec bourrelet d'expulsion. [Photos : L. Sciscio / JURASSICA]
Les fentes de dessiccation sont les craquelures polygonales que l'on peut voir dans la boue séchée. Ces fentes se forment lorsque la boue se rétracte et se craquelle en séchant à l'air libre et au soleil. Les fentes de dessiccation fossilisées nous indiquent que le sédiment, autrefois saturé en eau, a subi une période de sécheresse intense et prolongée.

Fentes de dessiccation modernes (à gauche, avec petites empreintes d'oiseaux) et fossilisées (à droite, avec empreinte de théropode). [Photos : L. Sciscio]
Les rides de vague sont des petites vagues ou ondulations à la surface du sédiment. Elles se forment quand le sédiment se dépose dans une eau peu profonde agitée par un courant, par le vent ou par des vagues. Il est courant d'en observer en bord de mer ou de rivière, parfois même juste dans des flaques soumises à l'action du vent. La forme, la taille et l’orientation des rides de vagues fossilisées indiquent aux géologues l’ancienne profondeur d’eau, la direction du courant et l’énergie du paléoenvironnement.

Rides de vague modernes (à gauche) et fossilisées (à droite). [Photos : L. Sciscio]
Les voiles ou tapis microbiens (parfois aussi appelés biofilms) sont des communautés de micro-organismes (bactéries, champignons, algues) vivant notamment à la surface des sédiments et sécrétant une sorte de substance gélatineuse protectrice qui fige les sédiments. Les voiles microbiens eux-mêmes ne se fossilisent pas, mais ils laissent leur trace à la surface des sédiments sous forme de textures irrégulières. La présence de voiles microbiens nous indique que les sédiments étaient saturés en eau. Les voiles microbiens ont joué un rôle très important dans la préservation des empreintes de dinosaures du Jura en fixant les particules sédimentaires grâce à leurs sécrétions collantes.

Voile microbien moderne (à gauche) et texture fossilisée irrégulière laissée par un voile microbien (à droite, autour de l'empreinte d'un théropode). [Photos : F. Lamiot / L. Sciscio]